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Une semaine de trop

(une femme d'affaires, accent américain, la cinquantaine, sa beauté se fane, elle cherche toujours le prince charmant)

(elle entre, s'asseoit, ouvre son journal intime)

Quelle histoire ! J'avais complètement investi sur ce mec. (elle lit) "My Love, tu fis fi de mon amour"

Combien de "S" en fis fi ? (elle gomme)

Dans ma tête, je lui avais mis un panneau sur son corps brun : Réservé à mon usage strictement personnel (suit du doigt les mots du panneau)

(debout, déclamant ce qu'elle lit, martelant du poing)
"Tu te gaussas de mon attachement que je t'offrais sur un plateau d'argent."
Ca rime, mais c'était plutôt un plateau de cuivre, j'étais on holiday au Maroc. (elle s'essuie les mains)

(devant)
Je lui offrais tout : mon âme, mon corps,
mon intelligence, mon corps,
mon créativité, mon cuisine et... mon corps !
(elle accompagne chaque "mon corps" d'un geste éloquent)

(elle montre le journal) Quatre semaines de travaux d'approche réduits à néant. Là-bas, on n'a pas le respect du travail des femmes. (elle pose le journal)

(devant)
Première semaine, dans l'escalier, je joue l'indifférente : (pose en remontant sa robe au-dessus du genou, jambe en avant) "On se connaît, nous ?"

Deuxième semaine, au méchoui : "Je te dévore" (fait le geste d'arracher la viande, se lèche les doigts)

Troisième semaine, pour clore l'entreprise, je lui fais goûter mes cookies. IL A AIME !

(elle recule) Quatrième semaine (elle enlève son jean) sur la plage : "Saut dans l'inconnu !"

(par terre, dos crawlé) "L'eau est bonne, n'est-ce pas ?" (elle fait la planche) "Y LOVE YOU" (elle envoie un baiser) (perte de contrôle)

(à genoux elle mime le choc des vagues ) Les vagues chaudes frappaient nos coeurs. I was swimming in his eyes. Suddenly il se retourne.

(position de sirène) J'entends (ton chantant) "Mo-o".

(elle accuse une spectatrice) Une autre sirène. Il me trompait... déjà ! (le ton est devenu ironique)

J'ai encaissé dignement, (elle se lève, cherche et remet son jean) j'ai rompu sans drame.

(écrivant) "Si j'ai perdu le Nord en te voyant, je ne suis pas aussi déboussolée que tu le crois."

Non, ça fait trop Tintin dans le désert : je ressemblais plutôt à Milou mouillé. (elle secoue ses cheveux)

(devant) Il faut terminer sobre. (elle cherche) Style grande dame authentique et généreuse. (elle ferme son journal et se drape dans sa serviette façon tragédie) "VA, JE NE TE HAIS POINT".

(c) Nancy Pivarunas / Véronique Weber 1997 - Reproduction interdite