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Amour toujours

- Mais Camille ! Qu'est-ce que tu veux que ça me fasse qu'ils soient ensemble ! Je m'en fous, mais je m'en fous complètement...

Fais voir, quand même... C'est une photo d'eux en vacances ? Y sont bronzés les salauds ! En arrière plan, le Parthénon... La Grèce éternelle ! Quelle imagination débordante pour emmener une nouvelle conquête au soleil. Enfin, c'est déjà plus chic qu'Argelès, mais ça vaut pas l'île Maurice avec moi en 1990...

Tu veux que je te dise, Camille, ça ne me fait ni chaud ni froid... C'est évacué tout ça, pffftt (geste à la limite du scatologique), terminé... D'ailleurs quand je le regarde comme ça en photo avec cet air de ravi de la crèche, ça me fais marrer. (Petit rire de gorge)

Je ne ressens plus rien, c'est même dommage ! Pas l'ombre d'un pincement sous le sein gauche, même pas un picotement au sternum... Zéro ! ça m'étonne moi-même... Tu vois comme on se connaît mal parfois... Je me croyais hypersensible, du genre à tomber dans les pommes à la moindre allusion, Mme de Rênal face à Julien Sorel...

Mais comme on dit : un de perdu dix de retrouvés ! Surtout que j'en ai bavé avec lui, oh, le malade ! Quel boulet ! Quel pot de colle ! Jamais aucune initiative, aucun enthousiasme, pas de spontanéité...

Qu'est ce que tu dis ? Ils veulent venir ici me saluer ! Eh ben pourquoi pas ? C'est une très bonne idée je trouve... C'est super sympa même, d'autant qu'on est restés très copains avec Jean-Marc...

Pardon ? Ils viennent là maintenant, tout de suite... Dans dix minutes ! Pour, pour me faire la surprise ! (Elle éclate soudain en sanglots)

Tu vois, j'en pleure de joie, je suis tellement ravie... ça fait toujours plaisir de la visite surtout quand c'est inattendu... Il était très chouette Jean-Marc. Tu ne te rends pas compte de ce qu'on a vécu ensemble ... C'était grandiose ! Il a tout inventé pour moi... La patience, l'économie des mots, l'abnégation dans l'amour...

(Son visage baigné de larmes rayonne d'un bonheur quasi mystique)

Camille, tu veux bien être gentille... Reçois-les à ma place, j'ai tant besoin de partager seule leur bonheur à tous les deux.

(c) Véronique Weber 1994 - Reproduction interdite